Originaire de Novalles (Vaud), la famille Cherbuliez s'établit à Genève au 17e siècle. François (1735-1809) est monteur de boîtes d'horlogerie et anime un cabinet littéraire. Natif, il acquiert la bourgeoisie de Genève en 1790. Son fils Abraham (1765-1847) est libraire. Il épouse en 1791 Louise-Sara Cornuaud (1766-1835), fille du publiciste Isaac Cornuaud. D'abord commis de librairie, Abraham devient l'associé de l'imprimeur et libraire Gaspard Joël Manget (1755-1831) avant de reprendre la maison à son seul nom en 1829. Le négoce devient une importante librairie de la place genevoise et compte une succursale à Paris.
Abraham est père de Marie-Isaline, d'André, d'Antoine-Elisée et de Joël. Marie-Isaline (1793-1863), épouse de Barthélemy-Isaac Tourte et mère d'Abraham Louis Tourte, est une romancière connue sous le nom de Marie Tourte-Cherbuliez. André (1795-1874) est pasteur, puis régent du collège, professeur de littérature latine à l'ancienne Académie et vice recteur de cette institution. Son fils Victor (1829-1899) est journaliste et romancier, membre de l'Académie française. Antoine-Elisée (1797-1869) est professeur d'économie et homme politique.
Joël Cherbuliez naît le 13 septembre 1806 à Genève. Il étudie durant deux ans à l'Académie de cette ville puis devient commis dans la librairie Manget et Cherbuliez. En 1829, il tient la succursale parisienne avec Louis Ballimore et épouse Félicité Baurlier Ballimore (1804-1901). Le couple a trois enfants: Ferdinand (1836-1911), Alfred (1838-1895) également libraire et éditeur, et Marie (1841 -?).
En 1839, Joël revient à Genève pour travailler avec son père. Le jeune homme est rapidement élu député au Conseil représentatif (1839-1841) puis au Grand Conseil genevois (1842) dans les rangs conservateurs hostiles aux radicaux. En 1846, il reprend la librairie à son nom. La succursale parisienne est sous la direction de L. Ballimore jusqu'en 1852 puis sous celle de Gustave Ethiou-Perou. Devenu fondé de pouvoir de la librairie, Guillaume Fischbacher s'associe en 1871 avec le libraire-éditeur neuchâtelois Jules Sandoz pour reprendre le commerce. Dès 1833, la librairie publie dès ouvrages pour enfants. En 1846, le travail éditorial est orienté vers le protestantisme, les sciences, l'histoire et la sociologie.
Joël Cherbuliez est membre de sociétés philanthropiques et savantes genevoises, dont la Société de lecture, la Société genevoise d'utilité publique et la Société des Libraires et Editeurs de la Suisse Romande, dont il devient vice-président en 1866. Il est rédacteur dans de nombreuses revues et journaux, dont le "Courrier de Genève", la "Revue critique des livres nouveaux", le "Journal de Genève" (rédacteur en chef en 1846-1848), le "Bulletin littéraire" (inséré dans la "Bibliothèque Universelle de Genève") et la "Revue des Deux Mondes". Le libraire publie et traduit également de nombreux ouvrages et brochures de caractère politique et littéraire. En 1867, il publie dans sa propre maison d'édition genevoise, son "Genève, ses institutions, ses moeurs, son développement intellectuel et moral : esquisse historique et littéraire". Cette synthèse de différents articles résume, selon J. Cetlin (p. 6), "tout ce qui a légitimé sa pensée et le travail d’une vie". Joël Cherbuliez décède à Genève le 31 octobre 1870.
Ch. Tourn (2014), d'après la contribution de J. Cetlin citée en bibliographie, les notices accompagnant les autographes et les articles du Dictionnaire Historique de la Suisse, principalement:
- Friedli, Pierre-Alain, "Cherbuliez", URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F25490.php, version du 29.12.2003
- Magetti, Daniel, "Cherbuliez, Joël", URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F15935.php, version du 29.12.2003